Ah!!! la journée de la femme….

A l’occasion de la journée internationale de la femme, je voulais éditer un email que j’avais reçu en réponse à un mail que j’avais envoyé concernant la cause de « Ni pute ni soumise », (mouvement auquel je n’adhère pas trop). Cet email date du 07 mars 2003 ( oui c’est vrai que j’ai du mal à me séparer de beaucoup de choses d’ailleurs, pas que les emails) et je le trouve très intéressant l’analyse aussi. Il est écrit par ma soeur, avec une annotation de sa part au début du texte datant du 08 mars 2008.

En le relisant, j’ai été hallucinée par ma virulence mais en même temps je suis très fière d’être la personne qui a écrit ça. La seule chose que j’ai voulu dire, c’est qu’il faut toujours réfléchir par soi-même, c’est la seule façon d’obtenir sa dignité d’être humain mais je ne donne pas de leçon car comme tout le monde, j’ai mes limites et c’est dur de ne pas se laisser entraîner par une rhétorique flatteuse. C’était juste pour dire qu’on ne peut pas pas opposer 2 types en disant : la liberté est dans ce camp-là, l’oppression de l’autre. Toute situation sociale a sa logique, qu’on le veuille ou non, qu’on la comprenne ou pas. Avant de respecter une attitude, je respecte une démarche intellectuelle, la volonté de réfléchir par soi-même, et le hijeb n’a rien à voir là-dedans. Il y en a qui portent le hijeb comme résultat d’une volonté personnelle et réfléchie (même si je ne suis pas d’accord avec la conclusion, je respecte cette démarche) et d’autres qui ne le portent pas sans réfléchir. Je ne suis pas du côté d’un vêtement ou d’une apparence mais du côté du choix réfléchi et personnel. Maintenant, le hijeb n’est pas toujours un choix réfléchi et personnel hélas, mais ça c’est un autre problème.

le 08/03/08

Objet : Re: Fwd: TR:_Ni_Putes,_ni_Soumises_:_faîtes_suivre_!

salut biba,

merci pour le message, mais j’adhère pas des masses , c’est trop massif comme appel et ça peut se retourner contre les femmes. un exemple : ce texte vise entre autres le port du hijeb (« tradition « , « respect de ceux qui veulent nous opprimer »).

Je suis contre le hijeb mais je suis pour le droit d’une femme, qui a décidé en son âme et conscience de le porter, à le porter, et on peut tout à fait se servir de ce genre de texte pour la faire passer pour une conne car elle serait « soumise ». Moi, je préfère cette « soumission-là » (qui la plupart du temps est complètement infondée, toutes les hijebiennes que je connais le portant par conviction et non parce que l’on les y oblige) qui au moins est un signe d’affirmation et de force de caractère (tant il est difficile de porter le hijeb par les temps qui courent dans un pays aussi frileux que la France) à la « liberté » de celles qui par – 5° se promènent en mini-jupe sans aucune raison valable et qui, elles, sont incapables d’expliquer leur choix vestimentaire , alors qu’une hijebienne, elle, le peut parce que son choix provient d’une réflexion (vu qu’elle grandit dans une société où il n’est pas normal de le porter, elle a dû donc se poser des questions et réfléchir) alors que dans l’autre car il s’agit d’un réflexe mimétique qui ne s’interroge pas sur ses tenants et ses aboutissants.

D’ailleurs, au nom du féminisme, on peut dire tout et n’importe quoi ; des femmes influentes et reconnues se sont compromises dans des combats qui montraient bien qu’elles n’avaient rien compris à la condition des femmes en particulier de la femme maghrébine/musulmane, au moment de l’affaire du « voile ». La liberté est une affaire trop précieuse pour la laisser aux mains des autres et elle est d’abord une affaire de conscience personnelle qui n’a rien à voir avec des définitions importées d’ailleurs que sa propre conscience. C’est en réfléchissant qu’on devient libre, pour paraphraser Blaise Pascal, et pas en meuglant des phrases venues d’ailleurs qui sonnent bien. Il faut toujours te méfier de celui ou celle qui prétend te libérer.

Voilà ce que j’ai à dire à ce sujet, même si je pense que c’est une bonne initiative de rassembler des femmes pour réfléchir aux vrais problèmes qui sont ceux de la véritable égalité entre les genres.

Quand comprendra-t-on que la femme n’est pas le deuxième sexe, ni le premier, mais une des deux modalités de l’être humain tout court, sans préséance vis-à-vis de l’autre , ni infériorité ? Cela ne sert à rien de dire que nous ne sommes ni putes, ni soumises; il faut le prouver et agir à l’avenant!! Réfléchir au problème de la procréation , par exemple: qui a intérêt à faire des enfants ? et le rôle que la société veut accorder à l’enfant , donc à la femme et à l’homme dans la procréation et la prise en charge des enfants; ça, c’est un vrai problème.

Tant que les femmes seront considérées comme les responsables naturelles de l’enfantement et de l’éducation , il y aura un gros problème et beaucoup de femmes refuseront de se plier à la règle en estimant qu’un enfant , c’est d’abord un choix commun, que la société peut et doit accompagner, soit complètement , soit pas du tout , mais pas en laissant comprendre à la femme que la société l’aidera, elle, en cas de démission de l’homme. C’est inadmissible. Les enfants ne sont pas la chasse gardée de la femme, et le cas échéant, de la société. Le congé paternel, ça , c’est un vrai combat; les hommes devraient avoir plus que 2 semaines, comme on s’en félicite en France de manière pitoyable; en Suède, les pères restent plusieurs mois auprès de leurs nouveaux-nés. C’est quelque chose qu’on devrait exiger des législateurs, mais le peu de femmes députées dont nous disposons ne sont pas prêtes à mener de tels combats.

La femme restera dans ce pays un sujet peu noble qui ne mérite pas de grands discours la mettant au cœur de la chose républicaine, mais pour faire joli, pour vendre des yaourts ou une voiture en montrant son postérieur ou sa poitrine, elle répond toujours présent. Ça aussi, il faudrait interdire les affiches et les pubs montrant des femmes peu habillées et pas que les pubs; le corps de la femme (de la belle femme, s’entend) reste jeté en pâture à un public androcentré ; les valeurs esthétiques masculines, le désir masculin restent la norme esthétique qui prévaut et l’image de la femme se déforme, s’anamorphose jusqu’à devenir quelque chose que la nature n’a jamais connue sauf dans ses erreurs génétiques (des seins de Lolo Ferrari, par exemple, ou les bouches siliconées sont le résultat d’une aberration esthétique à laquelle on ne prend pas garde parce qu’elle ne modifie pas le génome, mais elle en fait le lit).

Tout cela, ce sont des dérives de notre société qui critique les Maliennes qui font 15 enfants ou les Sénégalaises excisées sans comprendre que l’oppression reprend un autre visage, et que quand elle n’est pas physique, elle est psychique et que la civilisation s’est toujours construite en stigmatisant la femme d’une manière ou d’une autre.

le 07/03/03
2 réponses
  1. Gérard
    Gérard dit :

    pour apporter ma pièrre à la cause juste des femmes, des exemples concrets de la lutte des femmes qui datent un peu mais qui montrent que le chemin est long et difficile :

    avant 1954 une femme seule ne pouvait pas adopter un enfant (aucune loi ne l’interdisait mais l’enquête sociale était systématiquement défavorable); il faudra 4 ans de procédure pour que cela change;

    un couple ne pouvait adopter un enfant que dans le département où résidait ce couple; il faudra quelques années pour que la loi change;

    une femme avec un enfant n’avait pas le droit de s’appeler Madame sur son carnet de chèque, il faudra plus de dix années pour qu’enfin la banque accède à cette demande;

    surement des petits riens mais qui ont permis de changer le quotidien de quelques femmes en France.

    il s’agissait de ma mère.

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