Mon premier souvenir de Mickael Jackson ou le 201…

C’était dans le 10° arrondissement de Paris dans un appartement d’un des clients qui avait des enfants, des marocains sans doute. Un appartement sombre, les volets fermés, à cause de la chaleur peut être, c’était l’été. La télévision au sol, avec ses jeunes filles les yeux rivés sur l’écran, ou l’on découvrait le dernier clip de Mickael Jackson, Thriller, effrayant avec ces momies et Frankenstein qui déambulaient et dansaient avec MJ.

Je trouvais l’ambiance glauque, j‘avais envie de ressortir de cet appartement parisien, avec ma sœur, on devait avoir 7/8 ans. Des qu’il en avait l’occasion il nous envoyait jouer avec les enfants qu’il connaissait pour pas qu’on s’ennuie au « Bissri », lire épicerie, en cours d’anglais je disais « my father is a grocer ».

Moi je m’ennuyais pas : des rayonnages de bonbons et de gâteaux de plein de bonnes choses, des centaines d’articles à étiqueter, des fruits et légumes à peser pour les clients, et la caisse…ce que je préférais par dessus tout. Additionner les prix, donner le total, encaisser le billet, « toujours le garder dans la main avant de rendre la monnaie, au cas où le client vous dis qu’il vous avait donné un billet plus gros », le doux son de la caisse enregistreuse, rendre la monnaie avec le sourire et la mamie qui vous dit « merci charmante jeune fille… »

Oh la mamie, à l’époque elles venaient faire toute leur course chez l’arabe du coin (on n’était pas arabe pourtant), faut dire le commerce de proximité ça marchait bien, les prix n’étaient pas si élevés qu’aujourd’hui. Avec Momo, qui se chargeait de leur livrer illico presto l’ensemble des courses, y avait toujours un Momo employé presque jamais le même, car dès qu’il avait amassé assez de sous il ouvrait sa boutique ou rentrait au bled.

Le rayonnage le plus impressionnant était celui de l’alcool (que DIEU nous pardonne), sans en avoir jamais gouté je connaissais tous les types de bouteilles des plus chères dans la vitrine à clé, à la villageoise, la petite villageoise à 2,50 francs et la grande à 5 francs, ça devait vraiment sentir mauvais, y avait que les clodos… les SDF pardon , pour acheter ce type d ‘alcool, à vous dégoûter à jamais de l’alcool… c’est confirmé. Mais ils étaient sympa, ils rigolaient bien avec nous, en couple ou avec le chien qu’ils laissaient à l’entrée.

Il y avait ce qu’il fallait pour les p’tites faims d’après spectacle, les Bouffes du Nord étaient au bout de la rue, très tard souvent jusque minuit surtout l’été. L’ambiance de fond c’était la radio coincée sur RTL avec les grosses têtes et la valise…

Il y avait aussi les touristes, Gare du Nord n’était pas loin, on exerçait notre anglais, c’était marrant de le voir jongler avec les mots avec les touristes dans une langue qu’il ne connaissait pas du tout, mais il aimait plus que tout nous amuser en faisant le clown, chose qu’il ne faisait pas à la maison. Il était dans son milieu, il faisait même des super tajines dans l’arrière-boutique, pour le déjeuner. Pendant les vacances scolaires partir la journée avec lui, c’était partir à l’aventure, une bonne tranche de rigolade et manger des cochonneries. Ca commençait par acheter les marchandises à METRO, on poussait le Caddie, rayait avec lui les produits manquants sur sa liste avec ses mots et son orthographe à lui, des fois en arabe des fois en français. On chargeait la Renault Express, et si on était 2, une de nous allait rejoindre les cagettes à l’arrière de la voiture, vive les sièges autos! Et direction le périph, à l’aube!

Parfois Momo était déjà là pour ouvrir la grille, en se faufilant à l’intérieur on ressortait les rayonnages extérieur des fruits et légumes, et on remettait tout en place, déconditionnait, étiquetait. Vers 9h, on allait à la boulangerie, acheter des baguettes et des viennoiseries pour le p’tit déj bien mérité, avec le fromage à la noix, ça c’était trop bon… Vers 21 h on attendait un ultime coup de fil from Nanterre, pour nous annoncer une autre liste de course, celle pour la maison, (jusqu’à dernièrement, on ne connaissait les hyper que pour les courses de la rentrée scolaire) ces fois-là ci on savait qu’on pouvait rapporter avec nous des friandises.

Au bout du compte on a eu de la chance de vivre ces expériences et d’avoir rencontré pendant plus d’une dizaines d’années de notre enfance des personnages hauts en couleur, avoir appris seules à 12 ans les subtilités des correspondances du métro parisien et avoir acquis le goût du travail, et moi qui regrettais de ne pas aller en colonies et centre de loisirs, choses qu’il n’a jamais accepté.

Aujourd’hui le 201 rue du faubourg St Denis est devenu je crois une boutique indienne ou pakistanaise, qui peut être remplira les souvenirs d’enfance d’autres enfants.

2 réponses
  1. akhira
    akhira dit :

    Salam Habiba Merci de m’avoir fait voyager … dans ton univers , dans les secrets de ton enfance, réminiscence d’une période révolue mais qui demeure intarissable. bises ma soeur

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